Les couleurs du Hakama


Sasaki Saburo et Nakayama Hakudo Démonstration de Kendo (vers 1940).

Sasaki Saburo et Nakayama Hakudo
Démonstration de Kendo (vers 1940).

Le hakama (袴), pantalon large et plissé, est un vêtement ancré dans l’histoire du japon. On le trouve dans le costume traditionnel masculin et féminin, associé à la hiérarchie sociale dès l’ère Heian (v.794 – v.1185). Il s’est développé sous différents aspects, par exemple sous forme de pantalon bouffant aux chevilles (sashinuki 指貫, ou Nobakama). La forme actuelle du hakama porté dans le budo a peu varié depuis la période Edo (1603-1868).

La structure du hakama indique l’appartenance à une caste (Dojo ou temple), de la même manière, quoique plus subtilement, que le tartan des clans écossais.

Hakama écossais

Hakama écossais

Dans le japon contemporain, le hakama reste un vêtement de cérémonie (mariage, remise de diplôme, protocole). Pour les femmes, les hakamas sont colorés, souvent enrichis de broderies ou à motifs; pour les hommes, ils sont généralement à rayures. Dans le culte shinto, le prêtre porte un hakama blanc, ceux des assistants sont vert clair et ceux des assistantes, rouge, symbole de virginité au Japon.

Rayures d’un hakama classique de ïaido

Rayures d’un hakama classique de ïaido

Porter le hakama donne sa solidité à l’être, ainsi qu’en atteste la cérémonie de la « vêture du pantalon » de l’époque Heian (v. 1010) et qui participe aujourd’hui encore des rites Sichi-go-san (7-5-3), de passage de l’enfance.

Le hakama fluide et ample, utilisé dans la pratique des arts martiaux traditionnels tels que l’aïkido, le kendo, le naginata, le kyudo et le iaido, permet de donner à celui qui le porte une image qui dépasse le dessein vestimentaire.

Variation sur la couleur entre héritage traditionnel et adaptation opportuniste

‘zodiac japonais’ Samouraï portant les 7 armes et accompagné de son chien. Le Hakama est serré sur la jambe.

‘zodiac japonais’ Samouraï portant les 7 armes et accompagné de son chien. Le Hakama est serré sur la jambe.

Le hakama porté dans la pratique actuelle des arts martiaux est chargé de symbolique du budo. Dans la pratique conduite par O’Sensei, le hakama est le vêtement à porter par tous durant le travail. Il n’est pas la reconnaissance d’un niveau ou d’un grade. Des témoignages d’uchi deshi de O’Sensei, dont celui de Shigenobu Okumura Sensei, (1922-2008) 9è dan de l’Aikikai Hombu Dojo, rapportent que les pratiquants portaient le hakama dès leurs débuts. « Il n’y avait pas de restriction sur le type d’hakama. Le dojo était un endroit très coloré avec des hakamas de toutes sortes, de toutes les couleurs et de toutes les qualités, du hakama de kendo, au hakama rayé utilisé dans la danse japonaise ou encore ceux en soie précieuse de «Sendaihira ».

Après la fin de la seconde guerre mondiale, l’économie du japon décline entraînant une autre raison à la diversité des couleurs de hakamas taillés dans des toiles recyclées et teintes artisanalement de sorte que le bigarré du tissu ressortait rapidement à l’usure. Mitsugi Saotome Sensei (1937-) mentionne également, dans son livre « Principes de l’Aïkido », que le Hombu dojo était un endroit pittoresque quand s’y entraînaient des hakamas de toutes les couleurs.

La difficulté des temps d’après-guerre aura contribué à ce que les élèves récemment arrivés dans le dojo aient le choix de pratiquer sans hakama jusqu’à ce qu’ils puissent subvenir à son acquisition. Un autre reflet de cette situation conduit au dogme majoritairement retenu dans les dojos occidentaux qui consacre un niveau d’initiation du pratiquant en lui accordant le droit au port du hakama.

Un code de couleur du hakama selon la discipline s’est cependant installé dans l’ensemble des dojos, en occident comme au japon, rassemblant la majorité des pratiquants. Ainsi, en Aïkido, le hakama est uni, noir ou indigo, parfois bleu électrique pour les hakama en coton. Le noir est aussi préféré en naginata et en kyudo (où les beige, vert et autres gris se rencontrent parfois). En Kendo, les couleurs préférentielles du hakama sont l’indigo et plus rarement le noir. En iaïdo, le hakama blanc, ou rayé peut également être utilisé en fonction des écoles. La couleur grise est réservée au sensei.

Singularité : le hakama blanc ?

Nakayama Hakudo fondateur du iaido Muso Shinden-ryu.

Nakayama Hakudo fondateur du iaido Muso
Shinden-ryu.

Coûteux à fabriquer et difficile à entretenir, le blanc n’est pas une couleur utilisée pour la pratique martiale. Le hakama blanc est un habit portés par les courtisans ou lors de cérémonies. Pourtant, Nakayama Hakudo (1873-1958), ami intime de O’Sensei, développe son utilisation au dojo Yushinkan de Kyoto. Le port du hakama blanc est devenu populaire sous son influence à l’entrée de la période Showa (1925). Faut-il dire que c’est l’inquiétude sur la négligence de l’entretien de la propreté des hakamas foncés par ses élèves qui a incité le Maître à leur faire porter le blanc qui ne peut rien cacher … ?

Bien dans son corps, bien dans sa tête

Le port du Hakama est un catalyseur de la pratique de l’art martial. S’en revêtir, nouer les sangles soigneusement aident à entrer en concentration; de même, s’en dévêtir et le mettre dans ses plis est un temps important de consolidation. La couleur est un des codes liés au hakama et véhicule sa part de complexité en message non verbal et en langage budo.

Source : Extrait du Journal de l’ARA n°9

 

 

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